lundi 4 septembre 2017

Merci...

De m'avoir lue et suivie pendant ces longs mois, d'avoir subi et supporté mes humeurs. De les avoir partagées ou d'en avoir ri.
Il est temps pour moi de reprendre ma route, sans plus ce besoin de la partager avec vous. Inconnus pourtant presque intimes à sens unique, qui partageaient mes joies et mes peines, et aussi mes colères.
Relation des plus curieuses, non ?
Une page se tourne que j'écrirai à présent plus secrètement.

Encore merci d'avoir bien voulu prêter une "oreille" à mes élucubrations.
Que la vie vous soit douce et le destin favorable.

mardi 22 août 2017

Variation saisonnale

Même pas la rentrée encore et on vient déjà  me faire chier !
J'ai pas eu d'été et on va me pourrir l'automne ?
Le printemps n'avait pourtant pas été gai.
Et l'hiver vient... (ok, je plagie)

Printemps, temps du renouveau : les emmerdes bourgeonnent à foison comme les cons
Été, saison estivale : les vagues de l'ennui me submergent et me noient
Automne, couleurs chatoyantes : rouge, orange, jaune, comme la colère, la rage et la bile
Hiver, tout s'endort et s'apaise : Sauf moi qui sui encore de la baise...

Le bilan est désolant, hein.
Ouais.
Va se remuer le cul et arrêter de geindre la Lahna, parce qu'elle fait chier. Et moi la première.



Parfois

On a besoin d'amour,
Ou de tendresse,
Ou encore d'écoute,
Ou bien même d'attention,
Ou mieux encore de compréhension,
Et pourquoi pas d'illusion.

mardi 8 août 2017

C'est chiant

C'est chiant. C'est chouette mais c'est chiant. Quand on a trouvé son pareil.
C'est chiant parce qu'on veut lui damer le pion mais qu'il adopte la même posture. Alors on a le bec dans l'eau, l'herbe coupée sous le pied. Quand on voulait le punir et qu'il nous punit de la même façon. Et qu'il va falloir faire preuve de patience (mouarf !), d'intelligence (re mouarf !) et de subtilité (re re mouarf !).
Donc oui c'est compliqué.
Exaltant et excitant et merveilleux et rageant et bandant et désespérant. Et...
Et des jours d'angoisse, d'incertitude, de doute, de remise en question, d'interrogation. Et de colère aussi.
Avec au bout l'espoir de retrouvailles aussi exaltées qu'exaltantes, brûlantes, dévorantes...
C’est déstabilisant et revigorant, galvanisant.
C’est inquiétant, remuant, rageant.
C'est chiant mais si bon...

vendredi 4 août 2017

Pour les trous du cul (Vibe et Milke pour ne pas les citer)

Puisque ma littérature ne vous vaut pas, pourquoi la lisez-vous ?
Parce qu’elle vous rappelle votre nullité à faire de même ?
Parce que votre incapacité vous mine et vous ronge ?
Parce que votre force réside à descendre les autres pour vous rehausser ?
Parce que vous êtes bêtes et rageux ?
Parce que vous ne savez rien faire d'autre que de médire ?
Parce que votre vie merdique vous incite à pourrir celle des autres ?
Parce que vous êtes nuisibles et inutiles ?
Ou juste parce que vous n'êtes rien ?

jeudi 20 juillet 2017

C'est fatiguant...

... les gens qui s'accablent du suicide d'une célébrité, qui a sciemment décidé de partir et restent insensibles aux massacres perpétués à travers le monde.
C'est fatiguant de pleurer sur des morts, et plus encore de décider qui a le droit  à plus de larmes...

dimanche 16 juillet 2017

Nouvel essai UP JUILLET

CHAPITRE UN

Notre histoire a débuté comme on n'aurait su l'attendre. Comme je ne m'y serais jamais attendue. Et toi non plus. Parce que nous ne l'imaginions même pas.
Un dimanche soir d'ennui, une envie de vie. Un chat, un quizz. Un site comme il en existe des centaines, qui brasse des inconnus, des égarés, des esseulés, en recherche de dialogue peut-être, de présence surtout. Et cette excuse pour nouer un lien, se féliciter, s'encourager et se moquer. Et notre concurrence à répondre au mieux, au plus vite, au plus juste. Ces pieds-de-nez, ces vannes, ce début de connivence à peine esquissé.
Et l'envie d'y revenir le lendemain, dans l'espoir que tu y sois. Et de nouveau du rire et un semblant de compétition, qui nous entraîne et nous enchaîne. Sans s'en rendre compte tout à fait.
Mais des passages qui n'ont pas la même saveur si tu n' y es pas et qui flamboient quand tu y es. Une dépendance doucement tramée, au fil de ces questions qui nous définissent et nous font nous découvrir et nous connaître, un peu.
Des apartés qui nous sont propres, des références partagées, des souvenirs honteux dont nous rougissons de concert, des blagues dont nous seuls rions...

Après quelques jours, je me résous enfin. J'ai un peu peur. Je peux tout perdre, tout faire basculer. Jusqu'à présent j'ai préféré rester dans le doute, à imaginer et projeter. Fantasmer. Je n'ai pas cherché à savoir. Un bonjour, un au revoir et ces échanges légers, drôles, provocants, piquants. Mais là, il le faut. Parce que je pense à toi. En dehors de ces connexions que je multiplie, dans l'espoir de te croiser.
Je clique sur ton nom, et j'apprends de toi par ton profil, ce que tu as bien voulu en délivrer. Parisien, cinquantaine. Je ne cache ni ne gâche mon soupir de soulagement et de plaisir, infini. Le poids qui s'envole en même temps qu'un autre s'abat. Parce qu'il aurait été plus simple que tu sois jeune et con et loin. Parce que là...
Je me morigène de suite. Je me claque et me baffe. On se calme.
Mais quand même. C'est excitant.
Manquerait plus qu'il soit bandant.
Oui ! Les femmes bandent aussi, du clitoris et des tétons. (Parenthèse culturelle ? J'en doute, mais bon.)
N'empêche, j'ai encore plus envie d'aller de l'avant dans nos "confrontations", et je ne perds pas une occasion de lancer des accroches et des hameçons dans mes réponses, à des questions qui finalement n'ont rien à voir. Mais si tu rebondis...
Et tu réponds, et j'emote de plus belle, profitant de ces symboles pour te happer dans mes filets. Y viendras-tu ? Petit à petit, je resserre la manne. Je t’amène à moi.
Et tu y viens, et me provoques aussi, me cherches là où tu sais déjà me trouver. Au détour d'une citation, d'un auteur, d'un film, d'une chanson, tu me fais savoir comme tu m'as cernée et comme je ne suis pas la seule à en user.

De l'art de la séduction et de la manipulation... J'aime que nous les maîtrisions... De concert... Quand je continue de répondre bêtement à de bêtes questions, et que tout mon être tend vers toi. Ce toi que je voudrais deviner de passionné et passionnant.
Les jours passent. Nous continuons de nous affronter, de nous provoquer, de nous malmener doucement, tendrement. De nous éviter directement, quand tout nous rapproche virtuellement.
Virtuellement. Le mot est lâché. Parisien cinquantenaire. Provinciale, quarantenaire. Je pose l'équation. Je la pèse, soupèse, malmène. Je ne sais même pas  si tu es célibataire.

Alors malmène-la, oui. Parce que tu n'as déjà pas l'inconnue, le X. Et je me vois mal poser la question. S'il y a X, qu'en est-il du Y ?
Je fuis quelques jours. Je me ronge, me retiens à grands coups de "pauvre connasse". Mais je plonge à nouveau. Les connasses sont connues pour leur manque de volonté.
Quand tu te dis ravi de me revoir, je me dis ravie de ton vouloir (pour moi, tout au fond de moi et ça résonne bien trop fort).
Je fais ma bêtasse, je rie, je dis des conneries. Je me fais légère et volage. Inconsistante. Je cumule les inepties.
Quand je voulais me rendre transparente et insipide, sans le moindre intérêt que de provoquer gratuitement et sans fondement, tu me cloues.
Une phrase, une seule.
Un truc inouï. Un truc qu'une vie épanouie ne ferait pas dire. Que je ne pensais pas entendre. Pas quand tu avais tout pour être heureux, pas quand j'avais tout pour être malheureuse. C'est sur le moment la seule explication que j'y trouve.
Fuse à mon esprit épars, répandu, cette citation de D'Ormesson : "Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde."

Était-ce nous, ces extrêmes ?
La peur, le doute que l'absolu soit trop absolu. Je rejette en bloc ce que j'aspirais par tous les pores.
Une angoisse ultime, si fort empreinte de cet abandon auquel je voulais me donner malgré moi.
Le doute qu'il puisse mener quelque part, quand ce quelque part n'a ni début ni fin. Ni passé ni avenir. Une vue de l'esprit.
Une phrase, oui.. Un Im balancé. Instant Message... Instant. Sur le coup, sans réfléchir, impulsif. Pour moi ? Il m'a fallu le relire durant des heures pour m'en assurer. Et le torturer dans tous les sens pour le comprendre, l'appréhender, oser y croire.
Ce mot pour moi laissé et qui me disait.
J'ai eu peur, si peur que j'ai laissé passer encore des jours. Et des nuits qui m'ont fait me tourner et me retourner dans les draps trempés et emmêlés de ma couche. Des jours et des nuits à peser et soupeser. A t'aduler et te détester. T'appeler et te rejeter. A décider si je devais me rendre.
Et tes relances, tes inquiétudes...

Oui, je suis là. Non, rien de grave. Oui, j'ai lu... Et... moi... aussi...
Ça me brûle un peu la gueule, ou les doigts dans la circonstance, de l'avouer. Que moi aussi... Mais j'ai appris qu'il fallait se livrer aussi parfois, au risque de se rendre vulnérable.
Pis j'ai une armure en triple titane poreux, doublée d'une toile d'arachnide qui n'absorbe rien des claques que je reçois, alors !
Balancez, c'est gagné !
Bien. Je suis refaite.
Alors, comme ça...
Et c'est là que débutent nos échanges "personnels", que nous quittons le cocon ouaté et informel du chat pour entamer. Entamer notre part de gâteau. Je m'en délecte, en salive, au fil de ces soirées qui nous réunissent, et nous unissent plus qu'il ne le faudrait. Je ne sais plus partir et tu me demandes de ne pas partir.
Et c'est chaque soir une déchirure plus grande que de devoir cliquer cette satanée croix, ce symbole de sacrifice...


CHAPITRE II


Deuxième chapitre oui, celui qui entame la forme nouvelle de nos échanges, de nos tentatives de rapprochements. Si formels dans la forme informelle qu'ils voudraient, empreints de maladresse, de non-dits, de pas-dits, de tus, de passés sous silence, de pas évoqués, de suffoqués, étranglés, étranglants, engluants.
Une certitude dans une multitude. D'envies, d'espoirs, de désirs.
Le quizz est bien loin, que n'a plus même l'excuse de motiver nos connexions. Et pourtant toujours cette pudeur, malgré ton message, et sa teneur.
Et ces grappins que nous jetons dans l'espoir d'amener à nous le navire de l'autre et de pouvoir enfin bondir sur le pont et de s'en rendre maître.

L'abordage se fait, enfin.
Tâtonnement pour tâtonnement, confidence pour confidence, fantasme pour fantasme. Un abordage finalement en douceur, qui se révèle au fil des jours et de ces mots à peine esquissés mais si bien compris, grappins des plus efficaces.
Nous finissons par voguer sur le même océan, qui bien vite se révèle d'une richesse et d'un foisonnement inouï.
Mais le cadre qui nous enferme et nous étouffe se révèle cruellement, qu'il faut fuir, trouver un espace d'échange et d'expression plus large, libéré des contraintes de ce chat qui se fait prison.
Il devient nécessaire, primordial et vital de se joindre à tout moment, quand l'envie se fait des plus primale et virale.
C'est Skype qui désormais accueillera nos mots, nos idées... nos envies... au travers du timbre de nos voix, du frisson provoqué quand elles viennentt vibrer à nos oreilles...
Elles se font de plus en plus précises et concises, intransigeantes, envahissantes... dévorantes, ces envies à présent...
Mes déconnexions sont dorénavant suivies de longues périodes d'insomnie, de maelström, de corps alangui et avachi, trempé. De réveils transis, dans les draps froids qui t'ont accueillis le temps d'une parodie.

Mon corps se meurt de toi et c’est le cœur balbutiant que je te provoque et te cherche au travers de phrases et d'accroches, "d'humeur" comme le dit ce foutu Skype que j'exècre et adule, et qui me donne un peu de toi, quand tu n'es pas là. Cette possibilité d'espérer qu'où que tu sois, quoique tu fasses, que tu puisses lire comme tu me manques, comme j'ai envie de toi.
Je me fais tout ce que tu aimes et que j'ai appris à découvrir. Tout ce que tu ne sais pas encore aimer de moi mais dont je te fais présent.
Je te laisse les traces de mon désir, chienne et louve, et féline aussi, qui me faufile entre ces lignes pour venir à toi, plantant mes crocs et mes griffes.
Et nos retrouvailles s'enrichissent et se gavent de ces mots perdus, de ceux que tu me rends au centuple pour les avoir cueillis au dépourvu et concentrés durant ces heures perdues.

Je ne saurais dire à quel point j'aime cet instant, quand au bout de ces interminables et formidables atermoiements, tes mots évoqués deviennent caresses et baisers, âpres frôlements. Tes lèvres qui parcourent ma peau et la hérisse de milles aiguilles au seul souffle qui les effleure, et que de leur tendre et brûlante pulpe elles viennent m'embraser. Me révéler. Parcourir de leur rage effrénée mes courbes avides.
A ce moment je suis prête à tout pour toi. Et je me livre, abandonnée et éperdue à la folie de nos sens qui gagnent chaque fois en force et nous emmènent plus  loin dans la découverte de nos plaisirs. A tes mains et tes bras, tes cuisses qui forcent les miennes, quand elles s'ouvrent si volontiers.
C'est une folie de sens qui nous gagne et nous submerge, à "faire l'amour avec rage", dans ce creuset si fermé des mots, des soupirs et des râles.

Et tombe à nouveau sur nous la chape, quand reflue la jouissance et ne reste que le vide, le froid et l'absence, la conscience de nous, scindés, divisés, éparpillés. Étrangers.
Quand je voudrais me réfugier dans tes bras qui n'existent pas, quand tu voudrais te lover contre moi qui ne suis pas.

De nouveau, je tente de prendre sur moi et de modérer mes ardeurs, de tuer dans l’œuf cette histoire débordante et dévorante qui n'aura pour conséquence que de me nuire. J'ai cette fâcheuse tendance à vouloir voir là où il n'y a rien à voir. Un relent de romantisme  si profondément refoulé qu'il ressort à tout bout de champ et surtout quand on voudrait qu'il ferme sa gueule.
Pourtant, j'ai une vraie envie de tes bras... De ta peau, de la sensation de nos épidermes pour la première fois connectés. Frisson, remous, tsunami ? A moins qu'il ne soit qu'absurdement corrompu, rompu ?
De nos esprits si superbement rapprochés, accrochés, apprivoisés, je suis à présent si curieuse de l'expression de nos sens. Peut-être ne se s'accorderaient-ils pas, se rejetteraient même ?
Je me fonds en toi comme je te sens t'insuffler en moi. Et notre osmose devra bientôt se confronter, se réaliser ou imploser. Tu le sais comme moi, qui me pousse et me force à cette rencontre, que je repousse de toutes mes forces autant que j'y aspire.

Quitte ou double...
Je crains ce quitte qui à lui seul résume l'échéance et la déchéance. Ce double, je le redoute.
Je te maintiens autant que je le peux dans le carcan serré de mes bras et de mes cuisses, de ma bouche qui te happe et te susurre comme nous sommes bien, dans cette bulle qui nous préserve et nous apporte toute la douceur et la sensualité à laquelle nous aspirons.
Pourquoi risquer de tout remettre en cause, de briser le cocon si fragile qui nous porte aux nues.
Et tu me rétorques que tes désirs s'étendent bien au delà. Que loin de mots et de fantasmes, de rêveries et de caresses solitaires, c'est à présent de touchers et sensations vraies dont tu as besoin de te nourrir. De nourrir ta nature si fort humaine et masculine, virile et avide.
Je me laisse submerger, emporter à la seule évocation du poids de ton corps sur le mien, de sa chaleur enveloppante, du goût de ta peau, de l'odeur de ta sueur. De ma langue en cueillant de la pointe la suavité, la fragrance.
La larve bientôt devra éclore. Et se défaire des derniers fils de soie qui la retiennent prisonnière.

La hantise de voir s'effondrer en une seconde ce que nous tissons depuis des semaines me fait trouver ce compromis, auquel tu avais du penser et reléguer bien vite, par peur de me mettre au pied du mur. Pourtant, je nous infligerais encore et aussi cet attendu, ce pont suspendu.
Et ce soir, j'ose pour la première fois lancer la "cam" et me trouver face à toi. Malaise de ma part, surprise de la tienne. Je n'ose fixer l'écran qui me renvoie ton image et te renvoie la mienne. Je ne sais ce que j'ai le plus de mal à supporter. Moi dans ce petit coin de l'écran, marionnette aux gestes saccadés et sourire figé, ou toi, que je n'ose détailler, quand je voudrais te dévorer.
Les premières minutes sont tendues, empreintes de cette gêne si incongrue quand depuis des semaines nous nous livrons si bien et nous donnons si fort.
Enfin j'ose croiser ton regard, redresser le menton et te narguer, te provoquer, te chahuter et te bousculer. Je n'ai que cette arme, l'humour, la dérision, pour renouer avec toi ce lien qui cimente notre relation depuis le début et nous échoue ici, ce soir.
Je finis par te décrocher un sourire, un rire. Je n'ai pas été ridicule pour rien, puisque nous voilà de nouveau en phase. Et plus proches encore.
Nos soirées s'enchaînent. J'ai réussi à freiner ton élan, pour un temps je le sais, mais celui qu'il me faut... Pour...
Je t'ai saoulé de musique et je t'ai demandé de faire de même. Et de films, de livres. Et dans ces échanges explosifs parfois, nous nous rapprochons encore, quand bien même nos goûts opposés s'affrontent et créent des polémiques dans des "face à face" qui prennent une ampleur et une réalité qui nous fait tant de bien. Comme si à elles seules elles pouvaient bannir la distance.
J’aime ces soirées passées à regarder des films ou des séries. Avec toi ! Chacun sur nos écrans mais à y réagir simultanément. Et même si c'est par des biais, des chemins de traverses. Et même si et surtout je me voudrais lovée contre toi.
Dans ces semblants, je cherche à m’épanouir. Pour repousser plus loin la réalité et l’annihiler ? Pour oublier ce qu'il y a de factice ?

Les lendemains sont bien moins chatoyants, réducteurs et frustrateurs. M'en fous si ça se dit pas. J'aime les rimes.
Frustratoire ça fait "gros mot". Frustrant c'est trop léger.  Frustratoire ça fait dévidoir dégueulasse, et frustrant le truc chantant. Rien qui ne puisse revendiquer et crier haut et fort ce qui me ronge. Ça traduit si bien le manque et l'absence de mot pour exprimer ce que je ressens en ces instants. Je suis amputée. Dans ces moments, je te déteste aussi fort que je... t'aime.

Oui ! Je l'ai dit. Je l'ai lâchée, LA phrase, celle qu'il ne faut surtout pas dire... Pauvre folle. Heureusement, c'est juste dans ma tête.
Je n'en sais toujours pas plus sur le X, cette inconnue que tu passes sous silence, cette équation que je dois résoudre sans en avoir les éléments.
Oh, j'en suppute bien quelques uns. Et le supputer me gêne fortement, plus j'y pense...
Quand tu disparais des jours et des soirs. Quand tu cherches à me draper dans le tissu cotonneux de tes excuses, à m'y rouler, m'y lover pour mieux m'y baiser. Au propre...  au figuré ? Je sup-pute.
Pourtant je me donne. J'ai choisi. Je t'aime et je te hais, un peu, voire beaucoup parfois.

CHAPITRE III


Troisième acte de notre tragi-comédie. Le rideau se lève sur une descente de train. Non, tu n'es pas sur le quai, j'ai tenu à nous épargner ça. Dans le genre cliché, nous en sommes bien assez là.
Je traîne une maigre valise derrière moi. Je vous passe l'analogie. Faites-en ce que vous voulez. Moi je suis tremblante, suante, perdue. Des panneaux partout, des annonces qui résonnent, la foule et mes jambes flageolantes. J'inspire et j'expire. Sortie, Exit. Inspire, expire. La rue. Dépose express. Je ne veux pas qu'on me dépose ! 
Enfin, dans le coin de ma rétine un bras qui dépasse d'une vitre et bat l'air. Garé en double file, main qui s'agite et m'interpelle, m'invite à presser l'allure. Je crois deviner que c'est toi, je me précipite, comme les battements de mon cœur. Je me plante devant une portière que tu ouvres de l'intérieur, resté derrière le volant, et je m'engouffre. Sac précipitamment jeté qui pèse sur moi, autant que le poids de l'angoisse sur mon estomac. Souffle coupé. Un instant figée, décérébrée. J'ose à peine tourner le tête quand tu me salues. 

- Bonsoir...
- Bonsoir..., quart de mouvement de tête pour me trouver face à... toi...
- On ne peut pas rester ici..., regard intense et perforant, dévorant, dévalisant, déstabilisant, déshabillant...
- Non..., regard hagard, inquiet, interrogateur et quémandeur...
- On y va..., voix ferme et assurée.

Où, je ne sais pas. Mais tu le sais. Je ne me pose aucune question. Ni à toi. Regard figé sur le carreau latéral qui me renvoie ton image bien plus que les phares et les feux des voitures qui nous dépassent dans ce début de crépuscule. Je reste muette. C'est ton reflet qui m’accapare. Quand je n'ai pas encore eu le courage de te regarder. Je guette dans cette image floue et trouble ce que je connais de toi. L'ombre d'une pommette, le creux d'une mâchoire, l'ourlet d'une lèvre. Je cherche à refaire connaissance.
Tu restes muet aussi, mais d'une pression du doigt sur un bouton, tu m'amènes à toi. Un sourire, un soupir. Et des notes qui nous cueillent. Ta main qui vient chercher la mienne, et comme elles s’entrecroisent et se soudent... Ce peut-il qu'on se connaisse sans se connaître ?
Je ne te regarde toujours pas, mais la pression de ta main, la façon dont j'y cale la mienne, comme j'y frotte ma paume... en épouse la forme... Et comme tu l'englobes... C'est moi en toi... Et toi qui t'empares de moi...
La route pourrait bien défiler des heures, et la vie s'arrêter.

Je finis par trouver la force, le courage ou l'inconscience d'aller au bout de ce que nous avons décidé d'entreprendre. Je tourne la tête vers toi, qui vient croiser mon regard et s'il n'avait fallut surveiller la route, je crois que nous aurions pu rester ainsi, à nous dévisager et nous apprivoiser. Mais tu as du détourner les yeux. Pourtant, je ne me suis pas sentie coupée de toi. Je me suis glissée sur le siège, jusqu'à poser ma tête contre ton épaule, ma main sur ta cuisse, couleuvre qui lentement rampe pour se nourrir de ta chaleur. Je ferme les yeux et je soupire. Premier toucher.
Je laisse mon cœur s'apaiser des battement sourds qui le bombardent pour m'imprégner de ton odeur que j'hume avec délice et qui me saoule un peu. Oui, le temps peut se suspendre, comme je suis suspendue à ton souffle dans mes cheveux, aux pulsations du sang dans tes veines que ma main capte si près de ton aine, au rythme de ta poitrine qui me berce de son puissant va et vient. Je suis. Je suis toi et moi. Je nous sens si fort exister. Je me gave de ton flux qui reflue en moi.
Formule, je vous l'accorde, mais vraiment, là, à cet instant, dans l'habitacle hermétique, clos de cette voiture qui s'engloutit dans la nuit, avec pour seules lumières celles du tableau de bord et les étoiles qui nous entourent, c'est comme si je me fondais. Inaliénable fusion. Pour un temps, celui qui nous est imparti pour les heures à venir. Et je compte bien le bouffer, m'en goinfrer et m'en repaître.
Un sanglot me monte à la gorge, que je ravale. Pas maintenant.
C'est souriante que je lève la tête vers toi, te contemplant à présent librement, et ma bouche vient se poser à la commissure de tes lèvres. Baiser volé, à peine esquissé. Prémices. Ton bras m’entoure plus fermement, me presse et je m'empresse de me presser plus fort. De nouveau ma tête contre ton épaule, et le roulement de tes muscles quand tu passes les vitesses. Vague sourde qui me berce.

J'ai fermé les yeux et pourtant une lumière vive vient percer le rideau de mes paupières. Nous sommes arrivés. Je le sens à l'allure qui ralentit, et aussi à ta crispation, infime mais certaine. Puis c'est l'arrêt.
Je me détache, peinant à reprendre pied avec la réalité, le regard encore un peu flou, pour découvrir l'endroit que tu nous as choisi. Les portières claquent quand nous descendons et claque avec elles le scellement de notre destin.
Je te rejoins devant la voiture, glisse à nouveau ma main dans la tienne. Nous faisons face tous les deux. Il serait temps de renoncer encore... Un bref regard échangé et c'est d'un pas décidé que nous avançons. Il n'y aura pas de renoncement ce soir.

L'aube perce au travers des persiennes. J'aime les ombres qu'elle dessine sur ton torse et ton ventre. Je les suis du bout de l'ongle. Elle colore ta peau d'ambre liquide et mouvante. J'en suis les vagues jusqu'à ton sexe qui m'a si fort comblée. Mon ventre se noue, et c'est avec plus d'envie encore que je poursuis mon exploration. Je fais glisser le drap jusqu'à te dénuder, ma main s'aventure toujours, tout au long de ton aine. Un bref coup d’œil m'assure que tu dors encore.  Je fais le tour de ton membre esquissant à peine l'ébauche d'une caresse. Je prends possession de toi qui ne m'en a pas laissé le temps. Pas dans la fougue et la voracité de nos ébats de la nuit, quand l'urgence et l'impatience prônaient.
Une contraction soudaine vient figer mon ventre et crisper ma main, que je retire vite, et qui ne trouve comme exutoire que mon sein à presser, malmener... L'envie est si forte, encore...
Je reporte la main sur toi, sans équivoque cette fois. Je te cueille dans ma paume et entame un lent va et vient. Je veux te sentir gonfler et croître. Ton sexe lové, choyé qui s'éveille malgré lui. Et c'est tout naturellement que je t'enjambe pour venir me planter, m’empaler. J'ondule sur toi qui ouvre un œil, enfin... Tu me rejoins dans la danse lancinante et lascive qui nous réunit, à nous fondre...
Sans faillir le plaisir explose, intense, dévorant...

Il fait jour quand nous émergeons à nouveau.  Je suis affalée entre tes bras et rien au monde ne m'en ferait bouger. Si ce n'est la faim. J'ai un trou dans le ventre. D'affalée, je passe à affamée. Mais aucune envie de me priver de la moindre parcelle de toi. J'ai décidé que je serais greffée à toi. Qu'on nous monte à déjeuner. C'est de toi que je veux me repaître. Cet aparté, ce moment privillégié, personne ne m'en privera, ne m'en spoliera. Chaque millième de seconde est à moi, que je dois ancrer, amarrer. Je tatoue sur ma peau la brûlure de tes baisers, y greffe l'empreinte de tes caresses.
Parce que je sais. Je cache mes larmes dans ton cou quand tu me prends. Et nous nous prenons, des heures durant, comme pour assouvir une faim insatiable, à chaque fois renouvelée, explorant des voies et des détours qui nous laissent pantelants, haletants et suffocants. Course en avant.


CHAPITRE IV


J'ai tout occulté de notre retour, de mon retour. Quand tu m'as lâchement lâchée devant la gare et que j'ai pris ce train aveuglément aveuglée par mes larmes.
Je me souviens avoir mis les clés dans la serrure, la porte qui s'ouvre sur un appartement que je ne reconnais pas. J'ai lâché mon sac dans le couloir, mais je me sentais si lourde encore, oppressée, écrasée. Non par le souvenir de ton corps qui me ployait sous le sien, mais par ce poids du monde qui s'écroule. De cet infini vide ouvert pour moi, par moi. Je crois que je me suis affalée avant même de savoir où. J'aurais pu tout aussi bien traverser les trois étages dans ma descente aux enfers et me retrouver le cul dans la marmite du diable. On paie par ce quoi on a péché...

J'ai dû me traîner jusqu'à mon lit parce que je ne me souviens que du réveil. Tête lourde, incapable de me remuer, aucune envie, de rien. Même pas de faire le bilan, surtout pas. Et j'ai éclaté de rire avant de fondre en sanglots. J'ai enfoui la tête dans l'oreiller, j'aurais voulu être capable de m'étouffer moi-même, de mourir là, dans l'instant. De mettre fin à mon supplice comme tu as mis fin à notre histoire. Ou ce que je pensais être une histoire.
Ou si en fait, une histoire... de cul... Que tu as su parer des plus belles couleurs, des plus beaux chants de sirènes. Une histoire dans laquelle tu m'as engluée, prise telle une mouche dans ta toile. Je ne dois pas être la première. Ton scénario est rôdé. J'ouvre les yeux, maintenant, quand tout est joué. Je décrypte, trop tard.
Affalée, là, ombre de moi-même, je me repasse le film au ralenti, j'analyse, je décortique et je lis. Je lis en toi. L'amorce d'abord, puis le déroulé. Amener à la dépendance, le semblant de complicité que tu as su si bien mystifier, ces moments partagés que tu as bafoués. Idiote ! Imbécile ! Conasse !  Je me mettrais des claques si je n'avais déjà si mal.

"J'ai besoin de toi, je meurs de toi." "Je rêve de vivre près de toi, avec toi, tu m'es essentielle,  mais..."
Ce "mais" qui fait tout basculer et révèle ta noirceur. Ce "mais" dont tu te sers pour me renvoyer à ma condition, me cantonner, me rejeter, m'annihiler. Ce "mais" que je n'ai pas vu venir et que tu m'as assené.
Je reposais dans tes bras, ultime étreinte que je ne savais pas être, abandonnée, alanguie, abrutie. Par tes mots, tes baisers, tes caresses. je me nourrissais de ton souffle. Et ce "mais". Et la fin.
Je me berce, la tête dans les mains, je la claque contre le mur mais la douleur ne surpasse pas celle qui me ronge et me dévore. Tu devras payer... Tu vas payer...
Je m'immerge dans ma douleur, je la laisse me noyer, me submerger. Parce que je sais que d'elle naîtra ma vengeance.
Tu as su prendre bien des précautions,  te calfeutrer et galvauder. Mais tu n'auras pas su imaginer à quel point j'ai pu être aussi retors et méfiante, et prévoyante.
Maman m'a toujours dit de me méfier des inconnus... J'ai noté la marque de ta voiture, le modèle, le numéro la plaque... J'ai fouillé dans ton téléphone, quand après l'amour, tu reposais si béatement... Dans ton portefeuille... Il n'y a finalement pas grand chose que j'ignore de toi...
Sauf peut-être ce qui pousse des hommes tels que toi à profiter de femmes telles que moi... Et toi aussi tu paieras pour ce par quoi tu as péché... Mon malheur sera le tien...
Je te rêve mille morts et autant de supplices. Mes nuits sont peuplées de revanche, d'une vengeance dont je me délecte et qui me fait presque autant jouir que tes caresses. Chaque heure perdue à ne pas dormir ajoute un détail perfide, une perversion qui me fait jubiler et enfin fermer les yeux, le sourire aux lèvres.
J'établis mon plan, minutieusement, comme tu as du le faire. A mon tour d'être le prédateur, la prédatrice... J'en frémis... D'abord, je recueille et classe les informations que j'ai glanées lors de "notre" nuit. Je suis méthodique, froide, j'ai rejeté ma haine et ma rage pour garder la tête froide et ne rien laisser passer de ce qui pourra me permettre de te mettre à bas. Ma détermination est la même que celle qui te menait quand tu cherchais à m'enferrer. Et plus encore, parce qu'une femme rejetée et trompée est la pire des furies, dit-on... Tu vas pouvoir en juger et en souffrir, subir.
Je ne suis plus habitée que par cela. Le vide que tu as laissé en m'abandonnant s'est rempli. Il me nourrit.
J'ai tapissé les murs de ma chambre. Des cartes de Paris, de ton arrondissement, des adresses tirées des noms, des numéros de téléphone volés dans ton smartphone.  J'essaie de relier, de "trianguler", je plante mes épingles aux points clés, avec délectation, comme je les planterais avec plaisir dans ta chair. Je tente de me rappeler avec précision du moindre détail que tu aurais pu me livrer. Ce restaurant indien que tu apprécies particulièrement, ce parc où tu vas courir. Tout me sert, l'étau se resserre.